Les questions que chacun brûle de se voir poser en matière de cinéma un mardi soir 18 septembre...
1. Quel est le dernier film que vous ayez vu en salle ou en DVD et qu’en avez-vous pensé ?
- Hier soir en DVD: Hyènes du Sénégalais Djibril Diop Mambety, magnifique adaptation à l'africaine de La Visite de la vieille dame. de Friedrich Dürrenmatt. Un poème cinématographique à l'admirable jeu de plans et au montage magistral, doublé d'une réflexion grinçante sur la trahison, la vengeance, la responsabilité personnelle et collective, la rapacité huaine et la solitude. Les acteurs sont merveilleux et la mélancolie qui se dégage du film ajoute à la qualité de la fable. À (re)découvrir absolment !
2. Quelle est la meilleure définition qu’un cinéaste vous ait donnée de son art ?
- Alain Cavalier : l’art de passer d’un plan à un autre.
3) Le chef-d'oeuvre ab-so-lu ?
- Cette expression est d'une stupidité tout actuelle, mais All about Eve de Joseph Mankiewicz est mon choix ab-so-lu de ce soir...
4) Citez le moment d'un film qui vous revient obsessionnellement en mémoire :
- La mélopée lancinante du protagoniste à la balançoire, sous la neige, dans Vivre (Iriku) d’Akira Kurosawa.
5) Une séquence qui vous a fait pleurer depuis sept ans:
- Les larmes, à la fin de L’enfant des frères Dardenne. La fin de La vie des autres. La solitude de Draman Drameh dans Hyènes de Djibril Diop Mombéty, ou la destinée d'Umberto D.
6) Votre bon mot préféré d'un cinéaste ?
- Fellini qui répond, au critique lui demandant ce qu'il pense de l'opinion d'un de ses confrères prétendant que les mauvais cinéastes italiens ont tous un nom finissant par "ini": - Mais n'est-ce pas mon ami Viscontini qui prétend cela ?
7) Un film dans lequel vous auriez aimé figurer ?
- J'aurais volontiers fait la valise dans La fille à la valise, ce bijou de Valerio Zurlini.
8) La scène d'amour qui vous a ému ces trois dernières années ?
- Dans Sous les toits de Paris, les vieux amants Michel Piccoli et Mylène Demonjeot. Vraiment très belle scène.
9) Citez un film qui module la plus profonde nostalgie.
- Incontestablement et pour toujours : Vivre d’Akira Kurosawa.
10) Quelle est votre apparition préférée d’un personnage historique dans un rôle de fiction ?
- Le Hitler de La Chute est celui que je préfère pour le pire...
11) Votre film préféré ce 18 septembre 2012 ?
- Je dirais I Vitelloni de Federico Fellini, mais ça peut changer denain.
12) Citez les titres du premier double programme que vous diffuseriez pour l’inauguration de votre propre salle d’art et d’essai ?
- The Snapper de Stephen Frears, et La Bataille pour Haditha de Nick Broomfield.
13) Quel serait le nom de cette salle ?
- Le Mollywood.
14) Le film le plus résolument tordant ?
- Joe la limonade, parodie de western d'un cinéaste tchèque dont je ne me rappelle pas le nom.
15) Votre film préféré d'Alfred Hitchcock ?
- Cela change tous les jours : aujourd’hui c'est Vertigo.
16) Votre émotion la plus mémorable liée à l’utilisation de la couleur d’un film ?
- La scénographie de Senso, de Luchino Visconti.
17) Quel film constitue-t-il la plus forte critique de la guerre ?
- La bataille pour Haditha, hier, et aujourd’hui Lettres d’Iwo Jima. En plus doux: Alexandra d'Alexandre Sokourov.
18) L’actrice que vous n’épouseriez sous aucun prétexte ?
- Arielle Dombasle, mais on me dit qu'elle gagne à être connue....
19) Quelle critique vous a-t-elle semblé la plus injuste depuis 7 ans ?
- Celle de Gérard Lefort à propos de La chute.
20) Y a-t-il un film que vous aimeriez avoir signé ?
- Umberto D.
21) Le plus grand ratage d’une adaptation de roman ?
- J’aime beaucoup L’homme qui a tué Don Quichotte, mais Terry Gillian va faire encore mieux.
22) Votre film préféré de la semaine prochaine ?
- J’ai vraiment envie de revoir Saraband de Bergman 23) Qu’est-ce qui pour vous, dans un film, marque la supériorité du 7e art ?
- C’est le cinéma, me semble-t-il. Vous voyez autre chose ?
24) Citez le meilleur livre qui ait été inspiré par un monstre sacré ?
- Il s’intitule Le bel obèse et fait revivre Marlon Brando et deux autres magnifiques personnages, imaginaires, avec un brio formidable. Son auteur est Claude Delarue. Le roman a paru il y a quelques années chez Fayard. L'auteur est mort récemment.
25) Quel est votre souvenir de cinéma le plus aquatique ?
- Les cœur verts, d’Edouard Luntz, une histoire de blousons noirs en « cinéma vérité » que j’ai vu 27 fois (j’étais alors placeur de cinéma). Il y a là une scène de natation nocturne clandestine, dans une piscine, qui est plus encore qu’aquatique: amniotique.
26) Citez l’auteur qui parle le mieux de cinéma :
- Il me semble que c’est Gilles Deleuze. Ou peut-être Serge Daney ? Ou quand même Jean-Luc Godard ? Ou Luc Dardenne ? Ou Martin Scorsese dans ses magnifiques anthologies du cinéma américain et italien ?
27) Citez le film dont le mauvais esprit vous ait le plus réjoui :
- C’est arrivé près de chez vous, naturellement. Et Prick up your ears de Frears, pas mal non plus.
28) Votre film préféré des sixties ?
- Probablement Qu’est-il arrivé à Baby Jane de Robert Aldrich. (1962)
29) Le film que vous enverrez votre pire ennemi voir ce soir ?
- Je n'ai aucun ennemi. Par égard pour mes amis, je leur recommande de ne pas aller voir le dernier mauvais film qui passe en salle ces jours, que je n'ai d'ailleurs pas vu. Ah oui: un film réellement à éviter: Lezione 21 d'Alessandro Baricco.
30) Quand avez-vous réalisé pour la première fois que les films étaient réalisés ?
- Quand j’ai réalisé mon premier film sans pellicule.